
Dans son dernier numéro, We Demain publie un article sur l’impact de la voiture autonome en ville. Avec le développement du transport à la demande et du véhicule partagé, les parkings pourraient céder à la place à plus d’espaces verts.
Paris martyrisé, mais bientôt libéré ?
Si la capitale mène une politique agressive contre la voiture particulière, en particulier celle qui roule au Diesel, la technologie pourrait à terme servir ses intérêts. Le développement de la voiture autonome, qui semble connaître une accélération dans le domaine des taxis sans conducteur, pourrait en effet contribuer à une nouvelle offre de mobilité, en complément des transports en commun classiques. Paris a déjà testé par exemple la navette Easymile sur le pont Charles-de-Gaulle.
Celle de Navya a roulé aussi à Issy-les-Moulineaux et vient de démarrer une campagne de tests à La Défense. La navette autonome collective a toute sa place dans le cadre du Grand Paris, en complément du métro automatique. Les constructeurs automobiles, y compris français, commencent à regarder ce nouveau mode de déplacement, qui pourrait entrer dans leur stratégie de mobilité. Toutefois, ils souhaitent s’investir d’abord dans le transport à la demande avec des voitures particulières.
Comme on le sait, PSA vient de se rapprocher de la start-up nuTonomy pour faire rouler des 3008 autonomes à Singapour, sous la forme de taxis. Les SUV de la marque au lion vont rejoindre une flotte constituée entre autres de… Renault ZOE aménagées en robots-taxis. Pour sa part, l’alliance Renault-Nissan s’est rapprochée de Transdev pour développer ensemble un service de mobilité sur la base de véhicules électriques et autonomes. Des tests vont démarrer prochainement à Paris-Saclay et en Normandie. Les constructeurs étrangers (Ford, GM, Mercedes, Volvo, Volkswagen) sont aussi persuadés que le futur de l’automobile passe par des VTC ou taxis autonomes au cœur des villes.
Cette perspective n’a pas échappé à la Ville de Paris. Dans We Demain, l’adjoint chargé de l’urbanisme, de l’architecture, du projet du Grand Paris, du développement économique et de l’attractivité, Jean-Louis Missika, imagine déjà l’impact de ces véhicules qui pourraient dissuader encore plus les Parisiens de garder un véhicule particulier. Bon nombre d’espaces de stationnement en sous-sol pourraient ainsi être transformés. Et en surface, l’adjoint d’Anne Hidalgo imagine les places de parking se convertir en lieux de promenade ou de pique-nique.
Une vision de l’esprit ? Peut-être, mais elle rejoint cette étude de l’International Transport Forum qui porte sur Lisbonne. L’organisme lié à l’OCDE estime que si 21 000 taxis autonomes (taxibots) étaient déployés dans la capitale portugaise, en roulant 12 h par jour, on pourrait supprimer jusqu’à 90 % des véhicules particuliers. Lesquels ne stationneraient plus dans les rues. En conséquence, Lisbonne récupèrerait en surface 1,5 million de mètres carrés, soit l’équivalent de 210 terrains de football. La ville pourrait élargir les trottoirs, installer des pistes cyclables et développer aussi des espaces verts. La capitale portugaise pourrait en prime éliminer jusqu’à 80 % de ses parcs de stationnement.
Ce ne sont à ce stade que des projections. Néanmoins, on mesure à quel point le véhicule autonome peut avoir un impact sur l’urbanisme. Au lieu de rester stationnée 95 % du temps, la voiture de demain pourra plus facilement être partagée et pourra transporter des personnes avec beaucoup plus de flexibilité que des bus, tout au long de la journée et même la nuit. C’est d’ailleurs l’un des enjeux de cette révolution.
Le véhicule autonome va-t-il aider le transport public ou le concurrencer ?
Laurent Meillaud pour le CCFA