
En 2020, tous les véhicules du Groupe PSA seront dotés d’une nouvelle architecture électronique reprenant les grands principes de ce qui existe dans les avions. « On va opérer une refonte complète du système pour permettre la conduite autonome, améliorer la sécurité et faire de la mise à jour à distance », explique Gilles Le Borgne, précisant que l’architecture actuelle date de 2010 – une époque où l’on n’imaginait pas tout à fait l’avènement de la voiture connectée et les prémices du véhicule sans chauffeur.
Dans trois ans, les modèles Peugeot, Citroën, DS et Opel disposeront d’un « système nerveux » modulaire et adaptable. Logé sous le capot, dans le tableau de bord, les portières et le coffre, celui-ci sera capable de gérer des connexions voiture-route et voiture-voiture, de fusionner et d’analyser les données issues d’une vingtaine de capteurs et des cartes haute définition pour que l’intelligence artificielle de la voiture puisse prendre les décisions au volant en fonction du contexte. « Le système sera redondant et dix fois plus rapide avec ses 100 mégabits par seconde », détaille Eric Dequi, le responsable cybersécurité du programme Voitures autonomes du constructeur. Ce dernier a décidé de développer en interne les dizaines de milliers de lignes de code des algorithmes pour la conduite automatique, « pour des raisons de responsabilité et de sûreté », ajoute-t-il.
Pour éviter les piratages informatiques, les futures modèles du Groupe PSA seront équipés de plusieurs pare-feu, d’une authentification et d’un dispositif de communication cryptée – le tout avec des clés de 256 bits. « Le système sépare aussi les fonctions d’infodivertissement du reste de la voiture et avertira le client en cas d’intrusion », souligne l’ingénieur, qui veut « protéger partout et tout le temps » les engins maison. Ces derniers pourront également être stoppés à distance par le constructeur, en cas de vol ou à la demande des autorités (« remote stop »).
Et puis une sorte de « boîte noire » sera installée dans les véhicules, avec un stockage local des données récoltées – certaines informations remonteront tout de même chez PSA. « On ne va pas utiliser de façon commerciale les data de nos clients, mais améliorer nos voitures et nos services », promet Cédric Vivien, responsable innovation Voitures autonomes et connectées.
Savoir comment réagit un véhicule autonome qui franchit un pont métallique ou qui rencontre un sac plastique blanc sur la chaussée intéresse vivement les équipes techniques du centre R&D de Vélizy (Yvelines) – là où sont peaufinés les prototypes de voitures robots.
Avec la conception et la validation du système ou la mise au point de plusieurs calculateurs, le chantier « New Electronic Architecture » devrait coûter plusieurs dizaines de millions d’euros. « Mais en remettant tout à plat, on peut parvenir à baisser le coût unitaire de l’architecture, et on aura quelque chose à même de monter ou de baisser en gamme selon les véhicules », assure Gilles Le Borgne. (ECHOS 26/6/17)