Un consortium français compte diviser par deux d’ici à 2020 le prix de la fibre de carbone, matériau de choix pour réduire la consommation des voitures du futur, a annoncé le 3 octobre l’entreprise à la tête de l’initiative. « La fibre de carbone est le matériau qui est le plus intéressant en terme de réduction de masse parce qu’il a très peu de densité pour beaucoup de résistance », a expliqué le président de Faurecia, Yann Delabrière, lors d’une conférence de presse organisée au Mondial de l’Automobile de Paris.
En plein durcissement des normes de consommation, l’allègement des voitures constitue l’une des pistes les plus prometteuses après l’amélioration de l’efficacité des moteurs, a affirmé M. Delabrière. Mais la fibre de carbone, qui permettrait d’alléger une pièce de 60 % et potentiellement de retirer 200 kg de la masse d’une voiture, avec un gain de 20 grammes de CO2/km à la clé, reste encore à développer d’un point de vue industriel pour pouvoir être appliquée à l’automobile de grande série, a-t-il expliqué. Seules les voitures sportives de haut de gamme produites en très petite série, comme les Aston Martin, marque que fournit Faurecia, ou certains modèles premium comme la BMW i3, recourent à ce matériau.
« Le temps de cycle dans l’automobile classique est d’une minute par pièce […]. Toute la chaîne de production doit faire des pièces [sur la base] d’une pièce par minute ». Or, sur la fibre de carbone, « on est sur des temps de cycle de 12 à 15 minutes », a rappelé M. Delabrière.
« Un second obstacle majeur c’est le prix, le kilo de fibre de carbone est aujourd’hui autour de 15 euros, ce qui n’est pas compatible avec des applications automobiles. Pour être compatible, il faut descendre à 7 euros le kilo », a-t-il par ailleurs expliqué. A titre de comparaison, le kilo d’acier industriel, matériau encore le plus répandu dans les automobiles, revient environ à un euro le kilo.
Pour tenter de résoudre ces défis, un consortium d’entreprises françaises est en train de se monter, dont « l’objectif va être de bâtir cette filière permettant d’avoir de la fibre de carbone à 7 euros le kilo », a annoncé M. Delabrière, sans donner de détails dans l’immédiat sur les membres de ce groupement. Pour Christophe Aufrère, vice-président responsable de la stratégie technologique chez Faurecia, l’objectif pourrait être atteint à l’horizon 2020. « On a besoin de cinq à six ans pour développer ce type de fibre de carbone et l’industrialiser », a-t-il déclaré. (AFP 3/10/14)