Le pilier porteur de la réforme des pôles de compétitivité vise à valoriser l’expertise qu’ils ont bâtie en dix ans, pour servir les objectifs de la politique de la nouvelle France industrielle. Cette démarche est déjà engagée depuis mai 2015, avec le lancement de la plateforme de coordination pour l’industrie du futur animée par l’AFPC, qui regroupait alors onze pôles, parmi lesquels Aerospace Valley, Axelera, Cap Digital, Mov’eo et Systematic. Aujourd’hui, vingt-deux autres pôles viennent d’intégrer cette plateforme qui adhérera, officiellement le 24 mars, à l’Alliance pour l’industrie du futur.
« Il est probable que quelques autres nous rejoignent, mais il nous semble qu’avec ces trente-trois pôles on a un bon ratio, assez cohérent, par rapport à notre thématique sur laquelle tous n’ont pas nécessairement vocation à collaborer », explique François Cuny, délégué général de Systematic. « Notre objectif est d’avancer ensemble sur des projets transversaux plutôt que de travailler chacun dans notre coin », insiste Marc Charlet, directeur général du pôle Mov’eo. « La principale source d’innovation se situe à l’intersection de plusieurs secteurs d’activité. Cette plateforme interpôles nous ouvre donc de nouvelles voies technologiques, qui feront progresser l’industrie française demain », estime-t-il.
Mais cette mutualisation des moyens et des forces vives n’empêche pas les pôles de mener leurs propres initiatives. Mov’eo vient par exemple de créer Prod’eo, son cinquième groupement de PME, en l’occurrence de cinq entreprises normandes, dont Digital Airways, et Insid Software. Elles ont été choisies pour leur complémentarité technologique en vue d’accélérer la digitalisation des sites industriels.
La création de cette plateforme qui a déjà fait émerger 50 nouveaux projets d’innovation en dix mois va concrètement dans le sens d’une meilleure visibilité nationale, voire internationale, et d’une efficacité accrue des pôles de compétitivité, voulues par le ministre de l’Economie Emmanuel Macron. Reste à savoir dans quelle mesure ce chantier, le plus avancé de la réforme en cours, sera impacté par la nouvelle donne régionale. « Le gouvernement nous pousse à travailler de concert avec les nouvelles compétences régionales, mais rien n’est décidé à ce stade », constate le directeur général de Mov’eo. Dans le cas de ce pôle, qui couvre l’Ile-de-France et la Normandie, les incidences seront limitées, car il n’a pas subi de changement de périmètre. De surcroît, « nous avons déjà obtenu l’assurance du soutien des nouveaux présidents de nos deux régions, Valérie Pécresse et Hervé Morin », précise-t-il. Sur le plan budgétaire, les audits en cours, dont les résultats sont attendus en juin, seront décisifs quant au maintien du niveau du financement public des pôles de compétitivité en 2017. En attendant, après le rabotage de 15 % à 20 % de la part de l’Etat en 2015, elle reste préservée cette année. (ECHOS 11/3/16)