Le groupe japonais Takata a plaidé coupable vendredi de fraude aux Etats-Unis et versera une amende d’un milliard de dollars pour solder le scandale de ses airbags défectueux, qui a également valu à 3 de ses ex-cadres d’être inculpés.
« Les équipementiers automobiles qui vendent des produits censés protéger les consommateurs contre des blessures ou des décès doivent placer la sécurité avant les bénéfices », a déclaré Barbara McQuade, une des responsables du département de la Justice (DoJ). Selon les autorités américaines, l’équipementier japonais aurait, pendant plus d’une décennie, dissimulé l’existence d’un défaut majeur dans ses airbags, susceptibles d’exploser inopinément en projetant des fragments sur le conducteur ou le passager. Seize décès, dont onze aux Etats-Unis, sont associés à ce problème, a précisé Mme McQuade. A partir de 2000, le groupe aurait ainsi fourni à ses clients, les grands constructeurs automobiles, des rapports « tronqués et frauduleux » afin de tromper leur vigilance et maintenir ses chiffres de ventes, affirme le DoJ dans son communiqué.
Ce scandale a conduit l’agence de la sécurité routière américaine (NHTSA) à ordonner le rappel de quelque 70 millions de ces airbags aux Etats-Unis, qui ont été utilisés à grande échelle par de nombreux constructeurs (Honda, BMW, Fiat Chrysler, General Motors, Ford, Nissan, Toyota…). Environ 30 millions d’autres unités doivent être réparées dans le monde.
La pénalité d’un milliard de dollars infligée à Takata lui permettra d’échapper à un procès pénal et servira, quasi-intégralement, à indemniser les automobilistes et les constructeurs floués par ces pratiques, a précisé le DoJ. « Takata regrette profondément les circonstances qui ont conduit à cette situation et reste totalement déterminé à être partie intégrante de la solution », a déclaré son PDG Shigehisa Takada, assurant avoir déjà agi pour combler les « lacunes » dans la communication du groupe.
Ce règlement financier est également un soulagement pour l’équipementier japonais qui recherche un investisseur extérieur afin d’orchestrer sa restructuration. « Parvenir à un accord représente un pas important pour régler la question du gonfleur d’airbag et une étape cruciale dans le processus actuel pour obtenir des investissements en faveur de Takata », a commenté M. Takada, président du groupe. Les négociations avec plusieurs candidats potentiels ont été entamées il y a plusieurs mois, mais elles butaient sur les nombreux risques judiciaires qui pèsent sur le groupe, également visé par des plaintes collectives d’automobilistes.
Ce scandale avait déjà valu en novembre 2015 au groupe japonais une amende civile sans précédent de 200 millions de dollars aux Etats-Unis, dont 130 avec sursis, et l’a forcé à annoncer plusieurs mesures pour changer ses pratiques. (AFP 13/1/17)