Profondément restructuré ces dernières années, Renault Trucks s’estime en mesure de rester bénéficiaire cette année, en dépit d’une baisse attendue du marché européen du camion qu’il évalue, à ce stade, à 15 %. « Notre activité est directement corrélée à l’activité économique », actuellement mal orientée, souligne son président Bruno Blin. Cette prévision ne prend pas en compte une possible aggravation de la situation économique mondiale due à l’épidémie de Covid-19 qui, assure M. Blin, n’a pas encore eu d’impact sur les commandes. Déjà, l’année 2019 avait été « contrastée » : « après une première partie d’année assez soutenue, le marché a baissé de 15 % au second semestre », relève-t-il.
La filiale du groupe suédois Volvo a malgré tout maintenu sa part du marché européen à 8,5 % et contenu la baisse de ses ventes à un millier d’unités, à 54 000 camions. Même si cette performance reste très loin du record de 2007 (70 000 véhicules vendus), elle permet à Renault Trucks, qui a connu « une profonde transformation » à l’issue de deux plans sociaux, de dégager des profits, selon M. Blin. Les effectifs du groupe (10 000 personnes) sont restés stables l’an dernier mais, il faudra « de la flexibilité dans les usines » si la situation économique devait s’aggraver, prévient-il.
D’autant que le groupe doit dans le même temps consentir d’importants investissements pour prendre en compte les impératifs écologiques. Renault Trucks, qui a posé il y a quelques semaines la première pierre d’un centre de recherche destiné à accueillir 1 200 personnes, va augmenter de 20 % ses dépenses de R&D cette année, annonce M. Blin, sans chiffrer le montant de cet effort.
Le groupe développe aussi ses activités de vente de véhicules d’occasion (9 400 en 2019, contre 8 400 en 2018), souvent « reconditionnés » dans ses ateliers de Limoges et Bourg-en-Bresse. Ces camions « recyclés » bénéficient d’une garantie constructeur.
Renault Trucks travaille enfin à l’amélioration des performances de ses moteurs diesel et en matière d’électromobilité. Il va engager dans les prochains jours dans son usine de Blainville (Calvados) la construction en série de camions électriques, pour son compte et pour celui de sa maison-mère suédoise.
M. Blin estime que le premier débouché de ces camions électriques sera la distribution intra-urbaine. Dans ce domaine, le constructeur a reçu un contrat pour 20 camions de la filiale suisse du brasseur Carlsberg, qui est selon lui « probablement à ce jour la plus grosse commande » de camions électriques passée en Europe.
Reste que M. Blin table sur une production initiale de camions électriques relativement limitée, de l’ordre de 200 à 250 unités par an. « Il faut absolument que les pouvoirs publics nous aident, par des subventions ou la mise en place de zones zéro émission, si nous voulons que les camions électriques soient à égalité avec le diesel », prévient-il.
Source : AFP (10/3/20)Par Alexandra Frutos