Nouveaux modèles, développement des exportations, maîtrise des coûts, etc. Secoués par la crise, les constructeurs français commencent à retrouver le sourire en Amérique latine. Une crise qui a été particulièrement difficile à gérer au Brésil, où le marché s’est effondré de 40 % en trois ans sur fond de récession. « Nous espérons être en fin de cycle bas », indique Olivier Murguet, président de Renault dans la zone Amériques. Le groupe table sur une stabilité du marché en 2017, après une baisse de 20 % cette année.
Malgré la déconfiture du marché brésilien, la marque au losange est parvenue à grappiller quelques points, pour atteindre 7,5 % de parts de marché, selon l’association des constructeurs d’automobiles. Si l’on ajoute la part de Nissan, les deux marques passent même le cap des 10 %. Au Salon de l’Automobile de São Paulo, qui a ouvert ses portes la semaine dernière, Renault a en outre lancé trois SUV (Captur, fabriqué au Brésil, Koleos et Kwid) pour coller à un marché, qui raffole de ce type de modèles. « Nous menons une offensive produit qui a été décidée avant [la crise] mais qui a été maintenue, parce que les fondamentaux sont robustes », précise M. Murguet. C’est surtout la stratégie d’exportation qui s’est avérée payante. « La crise, nous l’avons traversée en nous appuyant sur plusieurs marchés. C’est le fruit de notre implantation un peu partout en Amérique latine », explique le dirigeant. Plus d’un tiers de la production brésilienne est exportée vers l’Argentine (où Renault détient une part de marché de 14 %), la Colombie (21 %) et autres. Avec la vente de 350 000 automobiles et véhicules légers par an, Renault affirme disposer d’une part de marché de 6,5 % dans la région et y enregistrer des bénéfices. La capacité de production du groupe est d’environ 380 000 véhicules au Brésil. En Argentine, Renault a aussi investi 600 millions de dollars pour y construire trois gros pick-ups d’une tonne, en collaboration avec Nissan et Mercedes-Benz.
La crise a néanmoins laissé des séquelles. Après plusieurs cycles d’investissement, le Brésil dispose d’une capacité de production de 5 millions d’unités, alors que guère plus de 2 millions devraient sortir des lignes de montage en 2016. « Voilà quelques années, nous pensions que le marché allait atteindre 4,3 millions d’unités en 2016. C’est quand même une grosse déception », reconnaît Carlos Gomes, président du Groupe PSA en Amérique latine. Le groupe, qui a enregistré ses premiers bénéfices dans le pays en 2015, dispose d’une capacité de production de 150 000 véhicules au Brésil, mais envisage d’en fabriquer 82 000 cette année. Une politique de maîtrise des coûts et d’amélioration du service après-vente a néanmoins permis au Groupe PSA de générer des bénéfices dans la région pour la première fois de son histoire, assure M. Gomes. « En 2016, nous ferons largement mieux », annonce-t-il, alors que 16 nouveaux véhicules doivent être lancés sur le marché d’ici à 2021 pour renouveler la gamme.
Cette année, les ventes du groupe devraient atteindre 185 000 unités sur le marché régional, en progression de 15 %. L’objectif est vendre plus de 300 000 véhicules en 2021. En espérant que, d’ici là, l’Amérique latine aura renoué avec la croissance. (ECHOS 14/11/16)