Michelin a pris une participation minoritaire dans le capital de la jeune société française Symbio FCell, spécialisée dans la conception et la production de piles à combustible à hydrogène, ce qui lui apportera les capacités d’investissement nécessaires à une industrialisation en série. Michelin est désormais actionnaire minoritaire aux côtés des actionnaires historiques de l’entreprise, les fondateurs et les fonds d’investissements IPSA et CEA Investissement.
Créé en 2010, Symbio FCell s’est notamment révélé avec une première mondiale : l’installation d’une pile à combustible à hydrogène dans un véhicule électrique n’ayant nécessité aucun changement d’architecture de la voiture (en rétrofit sur le Renault Kangoo Z.E.). Symbio FCell en a donc fait son cœur de métier sur le marché automobile. La société propose aux flottes et collectivités locales d’installer les piles à combustible dans les espaces vides de leurs véhicules électriques pour prolonger leur autonomie. La société a ainsi déjà installé ces « kits » de prolongation d’autonomie dans cinq véhicules utilitaires de la flotte de Solvay et plus récemment dans trois modèles de la Poste.
Michelin apporte aujourd’hui à Symbio FCell les moyens de financer la mise en place de sa ligne de production en série (sur site à Grenoble). « Pour le moment, nous sommes capables de produire une cinquantaine de véhicules équipés de notre pile. Avec ce projet industriel, nous visons 5 000 à 10 000 piles produites d’ici à 4 ans », indique Fabio Ferrari, président de Symbio FCell.
En plus de son investissement, Michelin va travailler avec Symbio FCell et le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) au développement d’une nouvelle pile à combustible à hydrogène plus puissante et à un prix plus accessible. « Notre objectif est de proposer un range extender hydrogène au prix de ceux que nous trouvons sur les véhicules thermiques », explique M. Ferrari.
En novembre 2013, Symbio FCell et le CEA ont déjà annoncé le développement commun d’une nouvelle génération de pile à combustible à hydrogène qui se place au « meilleur niveau mondial » en termes de performance globale (énergie, coût, facilité d’assemblage, etc.). Cette dernière est dédiée davantage à des véhicules lourds comme les camions. Des travaux sont d’ailleurs en cours avec un constructeur de poids lourds et avec la compagnie des bateaux mouches en vue d’équiper leurs véhicules et bateaux de cette nouvelle pile.
La nouvelle génération de pile à combustible qui naîtra des travaux de recherche avec Michelin et le CEA sera quant à elle dédiée aux véhicules utilitaires. « Notre cible reste le VUL parce que les flottes peuvent disposer d’infrastructures de recharge en hydrogène. Les infrastructures pour les véhicules particuliers ne sont pas encore créées », souligne Fabio Ferrari. Pour autant, le dirigeant, également président du consortium H2 Mobilité, estime que la France pourrait rapidement rattraper son retard sur cette question face à des pays comme l’Allemagne, le Royaume-Uni ou les pays scandinaves. « Les travaux d’H2 Mobilité avancent et sont encourageants. Nous avons notamment identifié le moyen de déployer les infrastructures sans engager de lourds investissements », indique-t-il sans révéler cette recette. « Nous travaillons surtout sur des investissements à rentabilité rapide en fonction des zones géographiques d’implantation », ajoute-t-il toutefois. Le consortium devrait annoncer les résultats de ces travaux dans les prochaines semaines. (AUTOACTU.COM 7/5/14)