D’après l’Enquête Globale Transport menée en 2018 par Ile-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice des transports dans la région capitale, l’usage de l’automobile dans les déplacements du quotidien a diminué de 4,7 % l’an dernier par rapport à 2010, date de la dernière étude comparable (soit − 700 000 trajets quotidiens en voiture individuelle sur 14,8 millions). C’est la première fois que cette étude – dont la première version date de 1976 – montre un retrait de l’automobile.
L’enquête se fonde sur les déclarations de 7 000 Franciliens appartenant à 3 000 ménages et effectuant près de 28 000 déplacements quotidiens. Elle a toutefois ses limites, étant donné qu’elle ne prend en compte que les déplacements en semaine des Franciliens (et donc ni des touristes, ni des visiteurs régionaux en transit) et qu’elle laisse passer sous son radar de nombreux déplacements (livraisons de marchandises et tournées professionnelles, cars de tourisme, circulation à vide des VTC et des taxis).
Il n’empêche, le signal est d’importance et l’inflexion, historique. D’autant que l’ensemble des déplacements quotidiens des Franciliens a connu une hausse de 4,9 % en huit ans (43 millions, contre 41 millions en 2010). Si l’on regarde les chiffres dans le détail, presque tous les types de déplacement et la majorité des publics (cadres, employés, ouvriers, chômeurs, conjoints au foyer, à l’exception des agriculteurs, des retraités, des artisans-commerçants et des scolaires) sont concernés par l’abandon de la voiture ces dix dernières années.
Le fait nouveau, c’est que Paris n’est plus le seul territoire francilien à voir l’usage de la voiture diminuer. Les déplacements automobiles à l’intérieur de la petite couronne génèrent 490 000 trajets quotidiens de moins qu’en 2010 (– 13 %). Même en grande couronne, elle est en léger recul (– 1 % entre 2010 et 2018, alors que la population y a crû de 5 % sur la période).
C’est à un transfert des voyageurs du quotidien de leur voiture vers les transports collectifs que l’on assiste. Les autobus, métros et trains ont vu leur usage augmenter de 13 %, passant de 8,3 millions à 9,4 millions de trajets journaliers. Les modes doux aussi ont vu leur part progresser : la marche (+ 8 % et premier mode de déplacement, avec 17,2 millions de trajets), le vélo (+ 29 %, avec 840 000 déplacements) et la trottinette (130 000 trajets).
A noter que la maire de Paris Anne Hidalgo envisage, si elle est réélue en 2020, de refondre les tarifs de stationnement de tous les véhicules. Un vœu en ce sens va être soumis au conseil municipal, qui se tient jusqu’au 15 novembre. Il préconise d’organiser dans la foulée des municipales des « états généraux du stationnement ». Cette concertation pourrait aboutir, non seulement à faire payer le stationnement des deux-roues motorisés, mais aussi à revoir les tarifs pour les voitures. « On réfléchit à l’idée de faire varier les prix en fonction du poids des véhicules. Cela permettrait de pénaliser les SUV qui polluent, encombrent l’espace public et abîment la chaussée », précise Jean-Louis Missika, l’un des adjoints de la maire.
Source : MONDE (14/11/19)Par Alexandra Frutos