L’Union européenne vient de lancer sa contre-offensive dans le conflit commercial qui l’oppose au Président des Etats-Unis Donald Trump en imposant des droits de douane additionnels sur des dizaines de produits américains, comme les jeans, le bourbon ou les motos. Ces nouvelles taxes, officiellement entrées en vigueur le 22 juin à 0H00 heure de Bruxelles, sont la réponse des Européens aux taxes de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium imposées par les Etats-Unis à la plupart des pays du monde, dont certains de ses alliés.
« La décision unilatérale et injustifiée des Etats-Unis » d’imposer ces droits de douane « ne nous laisse pas d’autre choix », a insisté cette semaine la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström. « Les règles du commerce international ne peuvent être violées sans réaction de notre part », a-t-elle ajouté, précisant que « si les Etats-Unis supprimaient leurs tarifs douaniers », les mesures européennes seraient « également supprimées ».
Pour le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, la réponse européenne se veut « claire et mesurée » face à une décision américaine qui « défie toute logique ». Les taxes imposées par l’UE s’appliquent sur une liste de biens fabriqués aux Etats-Unis, comme des produits agricoles (riz, maïs, tabac, etc.), en acier, ainsi que des véhicules (motos, bateaux, etc.) ou du textile. « Si nous avons choisi des produits comme les Harley-Davidson, le beurre de cacahuète, le bourbon, c’est parce qu’il y a des alternatives sur le marché [européen]. Nous ne voulons rien faire qui puisse nuire aux consommateurs », a de son côté expliqué le 21 juin le vice-président de la Commission européenne Jyrki Katainen.
Dans la foulée, les Européens ont déposé une plainte devant l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Ils comptent aussi instaurer des mesures dites « de sauvegarde » pour protéger leurs marchés de l’acier et de l’aluminium étrangers, qui ne trouveraient plus de débouchés aux Etats-Unis.
Les mesures de rétorsion appliquées depuis aujourd’hui sur les produits américains correspondent, en valeur, aux dommages causés par la décision américaine sur les exportations européennes d’acier et d’aluminium vers les Etats-Unis, soit un total de 6,4 milliards d’euros en 2017. L’UE exercera d’abord ses droits sur les biens américains à hauteur de 2,8 milliards d’euros. Le rééquilibrage sur les 3,6 milliards d’euros restants aura lieu soit dans trois ans, soit après une éventuelle victoire des Européens dans leur recours devant l’OMC.
Source : AFP (21/6/18)Par Alexandra Frutos