Luc Chatel, président de la PFA (Plateforme automobile), demande au gouvernement des mesures pour accélérer la sortie de crise du secteur automobile. « La filière joue sa survie, celle d’un fleuron français qui représente 400 000 salariés dans l’industrie et 500 000 dans les services. Il faut bien être conscient de la gravité de la situation : le marché français a chuté de 72 % le mois dernier , et ce sera sans doute – 100 % en avril. A l’échelle mondiale, le recul des ventes sera compris entre – 25 % et – 30 % sur l’année. C’est un grand bond de vingt ans en arrière ! Pour surmonter ce choc, un plan de soutien a été très rapidement mis en œuvre, grâce à la grande réactivité des pouvoirs publics. La combinaison du chômage partiel et des prêts garantis a pleinement joué son rôle. Il faut désormais préparer au mieux la sortie de crise », déclare-t-il.
« La priorité, c’est de permettre le plus rapidement possible la reprise des activités commerciales, c’est-à-dire la livraison des véhicules et la réouverture des points de vente, complément indispensable au redémarrage des usines . En Allemagne, les concessions viennent de reprendre leur activité, et aux Etats-Unis elles n’ont jamais fermé. Nous avons, avec le CNPA qui représente les services, attiré à plusieurs reprises l’attention du gouvernement sur ce sujet. Nous avons proposé des voies de reprise progressive avec toutes les garanties sanitaires requises, en organisant, par exemple, le flux des clients par le biais de rendez-vous. Nous espérons dans ces conditions que la vente de voitures soit très rapidement rendue possible », explique le dirigeant.
M. Chatel confirme travailler sur un plan de relance avec le gouvernement. « Pour qu’il soit efficace, ce plan devra être coordonné avec les autres pays européens. Tout d’abord, il importe de stimuler la demande à court terme. Nous préconisons de nous appuyer sur les dispositifs existants, en particulier la prime à la conversion. Il ne s’agit pas d’avancer des montants dès maintenant, mais nous proposons d’élargir le public potentiel et l’impact de la prime, sur une durée limitée, de quelques mois par exemple, avec une sortie en sifflet », explique-t-il.
L’ancien ministre estime par ailleurs qu’il faut faire de la transition écologique un levier de relance. « Il conviendrait de réévaluer et d’amplifier les dispositifs d’aide à l’achat de véhicule électrifié en ramenant par exemple à 6 000 euros le bonus pour l’achat d’un véhicule électrique pour les flottes, un montant qui était en vigueur il y a encore quelques mois. Nous demandons également l’élargissement de ces aides aux véhicules hybrides rechargeables », déclare-t-il.
M. Chatel estime en revanche qu’une remise en cause des réglementations et objectifs CO2 « n’aurait aucun sens », car « les constructeurs français ont réalisé des investissements considérables pour préparer ces échéances » et qu’ils « sont prêts ».
« Nous venons de transmettre nos propositions aux ministres concernés. Il nous faut des décisions rapides, dans les jours à venir, afin que l’on soit prêt pour le 11 mai. Notre tissu de PME a jusqu’à présent tenu le choc grâce aux aides gouvernementales. Mais nous risquons une vague de défaillances s’il n’y a pas une reprise de l’activité rapide et forte pour leur garder la tête hors de l’eau lorsque les mesures de chômage partiel ne seront plus effectives », conclut le dirigeant de la PFA.
Source : ECHOS (23/4/20)Par Alexandra Frutos