Les versions diesel ne représentent plus que 38 % des achats de voitures neuves des particuliers, contre 44 % en 2015 et 64 % en 2012. Et la chute devrait s’accélérer. « En 2016, le diesel devrait représenter le tiers des achats chez les particuliers », indique François Roudier, du CCFA (Comité des constructeurs français d’automobiles). Même en volumes, les ventes de modèles diesel aux particuliers ont reculé de 14,8 % en 2015, tandis que celles des véhicules à essence grimpaient de plus de 20 %.
Le basculement est donc bien plus important que ce que l’évolution du marché global suggère. En incluant les flottes et les loueurs, le taux de diesel sur le marché français est certes en net recul, mais il reste majoritaire – 52,76 % depuis le début d’année. Du fait d’une fiscalité avantageuse – la TVA est récupérable sur les modèles diesel et pas sur les véhicules à essence -, les flottes d’entreprise roulent toutes au gazole, ce qui gonfle mécaniquement le poids de la technologie en France.
Pourquoi les particuliers ont-ils autant basculé ? Certains facteurs sont à l’œuvre depuis plusieurs années, comme la fin définitive, en 2015, des bonus attribués aux modèles thermiques émettant moins de CO2, qui avantageaient mécaniquement les modèles diesel (ceux-ci consomment en moyenne 15 % de moins que leurs équivalents à essence). Les constructeurs ont aussi beaucoup investi dans les moteurs à essence, avec des trois cylindres en net progrès en termes de consommation et d’agrément. Mais la violence du décrochage s’explique aussi par la crise de confiance dont fait l’objet la technologie. Le scandale Volkswagen, coupable d’avoir manipulé les tests d’homologation de ses moteurs, pèse. Tout comme le manque de crédibilité des tests d’émission de polluants, qui s’avèrent très flatteurs en laboratoire, mais beaucoup moins sur la route.
Parallèlement, de grandes villes comme Paris affichent leur intention d’interdire la circulation intra-muros aux vieilles voitures. Tant pis si les nouveaux modèles des constructeurs, qui respectent la norme d’émissions Euro-6, sont bien plus respectueux, les acheteurs se méfient davantage. « Les gens sont perdus, ils se demandent surtout s’ils pourront rentrer dans les villes demain et s’ils pourront revendre leur voiture sans décote », indique Olivier Lamireau, qui dirige plusieurs concessions. Autre inconnue : le poids de la fiscalité. La baisse actuelle des prix du pétrole rend le relèvement actuel – 3 centimes par litre rien qu’en 2016 – indolore, mais la situation pourrait changer en cas de remontée des cours du brut.
Ce rééquilibrage a des mérites. Il concerne surtout les petites voitures de type Peugeot 208, ou même Renault Captur – où le diesel n’a pas franchement sa place – tandis que la technologie demeure incontournable sur les grands modèles. Reste que, pour les constructeurs, ce déclin pourrait avoir des conséquences industrielles et compliquer la réduction des émissions de CO2. (ECHOS 18/3/16)