Le Cercle des Transports, qui réunit des experts de haut niveau pour réfléchir à l’avenir des transports, s’est allié au cabinet Roland Berger pour débattre des perspectives des véhicules autonomes. « Il s’agissait de simuler l’introduction de robot-taxis sur différents territoires de l’Ile-de-France. En termes de choix du mode de transport, on est revenus aux arbitrages que font les utilisateurs », expliquent les auteurs de l’étude.
Avec une réglementation très légère et non contraignante sur le choix du mode de transport, le coût entre évidemment en ligne de compte. Et, à l’horizon 2025, jugé raisonnable pour la mise en circulation des premiers véhicules autonomes réellement « opérationnels », le coût du kilomètre effectué en robot-taxi individuel, type uberPOOL, dépasse de 9 % celui de la voiture individuelle et même de 51 % si on ne prend en compte, comme le font la plupart des automobilistes, que le coût marginal de la voiture. Le robot-taxi partagé est évidemment moins onéreux et permet de faire une économie de 9 % sur la voiture privée. Quant au minibus autonome effectuant du transport à la demande, il revient exactement au coût marginal de la voiture particulière. Cependant, dans tous les cas, le transport public est moins cher pour l’utilisateur, abstraction faite de la part qu’il paie avec ses impôts.
Dans ces conditions, il apparaît très vite que le transport public bénéficie d’un avantage coût indéniable en zone dense, surtout quand on n’en sort pas. Dans Paris intra-muros, l’utilisation d’autobus autonomes permettrait de diviser par deux le coût du transport de surface, assuré, pour réduire le temps d’attente, par des minibus autonomes avec tous les aménagements de voirie que cela suppose. Le véhicule autonome prendrait aussi des parts à la voiture privée.
En zone semi-dense de grande couronne où les transports en commun sont notoirement insuffisants comme à Paris-Saclay, les véhicules autonomes pourraient capter une part du marché des voitures privées, notamment sur le segment de la deuxième, voire de la troisième voiture dans les familles. Le bus pourrait aussi être remplacé par des minibus autonomes subventionnés. « Au global, le véhicule autonome a des impacts très majoritairement positifs, mais son usage doit être encadré dans les zones denses », notent les auteurs de l’étude.
Source : ECHOS (7/6/19)Par Alexandra Frutos