Le Bipe et Kantar TNS ont choisi de coopérer pour créer un Observatoire mondial de la mobilité, dont l’objectif est de comprendre les nouveaux comportements de mobilité en zone urbaine. Pour ce faire, ils ont interrogé, en juillet 2016, 17 250 habitants de 30 grandes villes (10 en Europe, 10 en Asie, 5 aux Etats-Unis, 4 en Amérique du Sud). Les résultats de cette étude ont été présentés lors d’un déjeuner débat organisé par Autoactu.com. Avant de parler des attentes et des pratiques des urbains, il faut savoir que tous les nouveaux services de « mobilité partagée » existent dans les villes étudiées : Dans 100 % d’entre elles, des services de taxis/VTC accessibles par mobile sont proposés ; dans 97 % des services de covoiturage ; dans 84 % des services d’autopartage entre particuliers ; dans 84 % un ou plusieurs services d’autopartage BtoC (type Autolib’) ; et dans 77 % un service de vélos en libre-service (type Vélib’).
Si 38 % des personnes interrogées « ont déjà expérimenté » le covoiturage, ce taux grimpe à 50 %-60 % en Inde, Thaïlande et Amérique du Sud où le covoiturage ne consiste pas à voyager sur de longs trajets en groupe, comme c’est le cas en Europe, mais à réaliser de courts trajets quotidiens en ville, « en raison du manque de transports collectifs, du faible taux de motorisation et des contraintes réglementaires (comme la circulation alternée, qui oblige les voisins pairs et impairs à partager leurs voitures) », explique Grégoire Mialet, spécialiste de la mobilité au sein du Bipe. Dans 70 % des villes étudiées, l’organisation de ces trajets en covoiturage se fait de façon informelle, par relations et par bouche à oreille mais, en Europe et en Chine, elle se fait à travers une plateforme web dans plus de 50 % des cas.
Le recours à l’autopartage en tant que locataire a été expérimenté par 23 % de la population urbaine et grimpe à 40 % en Inde et en Chine, en raison du manque de transports collectifs et pour des raisons de coûts.
Les services du type Autolib’ ou Vélib’ ont été expérimentés par seulement 18 % de la population urbaine, notamment en raison d’une disponibilité qui n’est pas encore généralisée dans toutes les villes.
L’impact de cette nouvelle mobilité sur les ventes de voitures est difficile à appréhender. D’un côté, les locataires et passagers sont incités à ne pas acquérir de véhicule en propre (32 %), à reporter cet achat (40 %) ou à céder l’un des véhicules du foyer (31 %). De l’autre, les loueurs et conducteurs sont incités à conserver un véhicule qu’ils auraient vendu (35 %), à en changer plus tôt que prévu (38 %) ou à envisager l’achat d’un modèle mieux adapté (37 %) en termes de place, de confort et de sécurité. Au final, le Bipe estime qu’avec 30 % des urbains intéressés par ces services, dont 35 % qui seraient prêts à se séparer de l’une des voitures du foyer, c’est 10 % du parc automobile en zone urbaine qui pourrait être remplacé par ces nouveaux services, parmi une population plus jeune et moins riche que la moyenne. (AUTOACTU.COM 10/11/16)