L’Algérie a décidé d’interdire l’importation de pièces destinées aux usines de montage de voitures, quelques années seulement après le lancement d’une industrie automobile censée réduire sa facture d’importation, sur fond d’affaires de corruption. Le gouvernement a « décidé d’annuler le régime préférentiel pour l’importation des lots SKD/CKD pour le montage de véhicules », précise un communiqué publié dimanche soir à l’issue d’un conseil des ministres.
Cette décision devrait mettre un coup d’arrêt définitif à la jeune industrie automobile algérienne basée sur le système SKD (« semi knocked down »), qui consiste à importer le véhicule en kits pré-montés, à simplement riveter ou boulonner sur place.
Le gouvernement a donc décidé d’autoriser « l’importation de véhicules touristiques neufs par les concessionnaires automobiles », suspendue depuis le lancement des usines de montage à partir de 2018 après avoir été soumise à un système de quotas d’importation dès 2016, souligne le communiqué.
Pour réduire la facture des importations, qui siphonnent les réserves de changes du pays, et baisser le prix des véhicules sur le marché local, l’Algérie a contraint depuis 2014 les concessionnaires à produire localement via des partenariats avec des marques étrangères. Mais, faute de pièces produites localement et d’un véritable secteur de la sous-traitance, les économies réalisées ont été annulées par la facture de l’importation des kits.
De fait, le double objectif de réduire la facture des importations et le prix des véhicules sur le marché local n’a jamais été atteint. Depuis 2017, plusieurs hauts responsables algériens critiquent ces usines de montage, estimant qu’elles n’ont eu aucun impact sur les réserves de change mais qu’elles ont un coût important pour l’Etat en termes d’aides et d’avantages fiscaux. Actuellement, la plupart des usines de montage sont à l’arrêt.
Source : AFP (11/5/20)Par Alexandra Frutos