D’après les données d’IHS Markit, la production mondiale d’automobiles s’est contractée de 1 % en 2018, à 94,2 millions de véhicules. Pour cette année, les prévisions tablent sur une baisse de 5,8 %, à 88,8 millions d’unités. Ce qui ferait de 2019 une année de crise, la première depuis le krach financier de 2008. « La production devrait même se contracter de presque 6 %. Tous les marchés sont en baisse et la situation s’est nettement dégradée en Chine, en Inde, sans oublier l’impact des grèves chez General Motors aux Etats-Unis », explique Denis Schemoul, directeur associé EMEA véhicules légers d’IHS Markit.
« L’une des problématiques pour cette année se porte sur la Chine, qui va coûter entre 2 et 2,5 millions de véhicules, notamment à cause de la baisse des incitations gouvernementales à l’achat d’une voiture pour les ménages et de la modification de la réglementation du micro-crédit, qui s’est asséché depuis 2017. Sans parler de l’impact de la guerre commerciale entre la Chine et les USA », ajoute M. Schemoul.
L’Inde, que les analystes voyaient comme le troisième marché mondial automobile, ne cesse de s’effondrer (- 41 % en août 2019, – 30 % en septembre) et le risque maximal n’est pas encore atteint puisqu’en mars 2020, de nouvelles normes anti-pollution devraient entrer en vigueur (équivalentes aux normes européennes Euro-6), ce qui mettra à mal des constructeurs indiens. En parallèle, la demande sur le territoire n’atteint pas les prévisions escomptées, la classe moyenne tardant à émerger.
Dans la seule région Europe, la production, après une baisse de 2,4 % en 2018, à 20,1 millions de véhicules, devrait subir une nouvelle contraction à 19,3 millions de voitures (- 4 %) cette année. En parallèle, la courbe des ventes se stabilise sur le Vieux Continent, entraînant une diminution des stocks des constructeurs. Tous les constructeurs ont réduit la voilure sur la production. IHS Markit note une baisse de 3 % pour le Groupe PSA, de 1 % pour Renault, de 20 % pour Nissan, de 5 % pour Daimler et Ford, de 12 % pour FCA et de 4 % pour BMW. Volkswagen devrait pour sa part enregistrer une production stable.
IHS Markit n’est pas alarmiste pour 2020 en Europe. L’institut prévoit une baisse de 2 % des immatriculations et de 0,5 % de la production. Mais l’évolution pour la France est bien plus préoccupante avec une production qui pourrait chuter de 21 %. « La production sur le sol français devrait repartir en 2021 avec de nouvelles affectations chez PSA, mais le problème le plus anxiogène concerne les moteurs diesel, qui sont essentiellement produits en France. Les conséquences sociales de la transition énergétique sont un gros point d’interrogation », prévient Denis Schemoul.
Source : JOURNALAUTO.COM (18/10/19)Par Alexandra Frutos