L’Union européenne et le Japon se sont accordés sur les grandes lignes d’un ambitieux traité commercial, envoyant « un message » en faveur du libre-échange, destiné en particulier à Donald Trump. « Aujourd’hui, nous avons convenu des principes d’un accord de partenariat économique dont l’incidence dépasse largement nos frontières », s’est félicité le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lors d’une conférence de presse commune avec le président du Conseil européen, Donald Tusk, et le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, réunis en sommet à Bruxelles. « Ensemble, nous lançons un message fort au monde : nous défendons une politique commerciale ouverte et équitable. En ce qui nous concerne, il n’y a pas de protection dans le protectionnisme », a poursuivi M. Juncker.
Ce discours vise principalement le président américain, Donald Trump, dont la politique protectionniste inquiète ses partenaires. Les deux parties ont d’ailleurs mis les bouchées doubles ces dernières semaines pour parvenir à cet accord avant le G20 de vendredi 7 et samedi 8 juillet à Hambourg. Dès son arrivée au pouvoir en janvier, M. Trump avait retiré son pays du Traité transPacifique (TPP) signé avec 11 pays de la région Asie-Pacifique, dont le Japon. Les Japonais s’étaient alors recentrés sur les négociations avec l’UE. « Nous avons été capables de manifester une forte volonté politique afin que l’UE et le Japon hissent haut le drapeau du libre-échange », s’est réjoui Shinzo Abe.
L’entrée en vigueur du traité commercial définitif n’est pas attendue avant début 2019 mais, en parvenant à cet « accord politique », Européens et Japonais officialisent leur entente sur la plupart des sujets importants. Selon un négociateur, le texte final couvrira « 99 % des échanges » entre les deux puissances.
Les Japonais obtiennent notamment un libre accès au marché européen pour leur industrie automobile, mais seulement à l’issue d’une période de transition de plusieurs années. Les constructeurs européens réclamaient sept ans. « Je pense qu’on ne va pas les décevoir », répond une source européenne. Le Japon s’engage par ailleurs dans cet accord à « utiliser les mêmes normes internationales que l’UE », ce qui simplifiera à l’inverse l’accès des Européens au marché japonais. Les deux parties doivent maintenant s’entendre sur des détails techniques afin d’aboutir à un texte finalisé.
L’UE et le Japon doivent aussi poursuivre leurs discussions sur un dernier point de discorde majeur, la délicate question du règlement des différends entre Etats et investisseurs. Les Japonais sont favorables à un système d’arbitrage classique, à l’instar de ceux qu’on retrouve dans la plupart des accords commerciaux du monde. Les Européens, eux, espèrent les convaincre d’accepter le principe novateur d’un tribunal multilatéral permanent avec audiences publiques, à l’image de celui qu’ils vont mettre en place dans l’accord récemment signé avec le Canada. (AFP, AUTOMOTIVE NEWS EUROPE 6/7/17)