Tout conducteur grenoblois doit désormais arborer sur son pare-brise une pastille colorée. Après Paris, Grenoble-Alpes Métropole est la première agglomération de région à déployer un plan ambitieux de lutte contre la pollution. En vigueur depuis le 1er novembre, le dispositif des « certificats de qualité de l’air » doit lui permettre d’interdire la circulation des véhicules les plus polluants en cas de dégradation durable de la qualité de l’air.
Grâce à ce plan, Grenoble cherche à réduire la durée des pics de pollution auxquels elle est soumise. Située dans une cuvette, la ville alpine connaît des épisodes de pollution atmosphérique souvent supérieurs à dix jours consécutifs. Cette configuration géographique complique la dispersion des polluants, qui se retrouvent bloqués latéralement par les montages et en altitude par la persistance des anticyclones.
Dorénavant, dès que l’indice de la qualité de l’air atteindra le « seuil d’information », sans amélioration prévue le lendemain, la vitesse maximale autorisée sera réduite, le jour suivant, à 70 km/h sur toutes les voies rapides de l’agglomération. Si l’épisode se prolonge, dès le cinquième jour, les véhicules immatriculés avant le 1er janvier 1997 ne seront plus autorisés à circuler ; le septième jour, ce sera au tour des voitures diesel de norme Euro-2 antérieures au 1er janvier 2001, et Euro-3 antérieures au 1er janvier 2006.
Ces restrictions s’accompagneront d’incitations tarifaires à l’usage des transports en commun et de Métrovelo, le service métropolitain de location et de consigne de vélos. Comme la réduction des vitesses maximales autorisées, ces mesures s’appliqueront non seulement sur le périmètre de la métropole, mais également sur celui des deux intercommunalités mitoyennes – Grésivaudan et Pays voironnais.
De plus, afin de permettre aux salariés de réduire ou différer leurs déplacements lors de pics de pollution, la chambre de commerce et de l’industrie, ainsi que la chambre des métiers et de l’artisanat, se sont engagées à promouvoir le covoiturage, ainsi que le télétravail et les horaires décalés. Et à relayer l’information sur les mesures prises à l’échelle de la métropole – qui sera diffusée par le préfet dès la veille, à 15 heures.
Pour inciter les Grenoblois à se doter d’un certificat de qualité de l’air, le SMTC prévoit de rembourser en tickets de transport les automobilistes l’ayant acheté (à raison de 4,80 euros) avant le 1er janvier 2017, date à laquelle la verbalisation en cas d’infraction deviendra effective avec une amende de 22 à 35 euros.
Grenoble Métropole entend ainsi se donner les moyens pérennes d’améliorer la qualité de l’air. A compter du 1er janvier 2017, elle va faire de son centre une « zone de circulation restreinte » dont seront interdits de circulation, dans un premier temps, les véhicules de livraison les plus polluants. La collectivité va, à cette occasion, ouvrir deux centres de distribution en périphérie, équipés d’une flotte de véhicules propres et de vélos, cherchant à la fois à accélérer le renouvellement du parc roulant et à réduire le trafic, en encourageant le report vers des modes de transports plus respectueux de l’environnement. (MONDE 3/11/16)