Le président de Michelin Florent Menegaux indique que le groupe est capable de redémarrer dès maintenant. « Lundi 30 mars, j’ai lancé, dans une vidéo adressée à tout le groupe, le signal de la reprise des activités en France et en Europe. L’usine de Troyes a commencé à cuire son premier pneu mercredi 1er avril au matin. C’est un pneu agricole, parce que le monde agricole, lui, continue à fonctionner fortement et a besoin de nos pneumatiques », explique-t-il. « Nous sommes en train de nous synchroniser avec les constructeurs d’automobiles pour pouvoir les servir quand leurs chaînes redémarreront », souligne-t-il.
« Nous sommes aussi en train de reprendre graduellement en Italie et en Allemagne. En Espagne, c’est impossible pour le moment, car notre usine de Vitoria [dans le nord du pays] est en plein dans un foyer épidémique, et nous ne sommes pas en condition d’y redémarrer tout de suite dans de bonnes conditions », ajoute M. Menegaux.
« Nous devons nous habituer à vivre avec un coronavirus qui n’aura pas disparu après la fin du confinement. Nous n’allons pas pouvoir vivre enfermés sans limite de temps ou en attendant pendant des mois qu’un médicament soit mis au point ou qu’un vaccin soit trouvé. Car, à ce moment-là, à la crise sanitaire s’ajouteraient une crise économique et une crise sociale majeures », prévient le dirigeant. « La grande vertu du confinement, c’est qu’il permet de nous mettre en capacité de définir des protocoles sanitaires, pour ensuite repartir. C’est ce que nous avons fait chez Michelin. Nous avons arrêté les usines pour nous mettre en condition de travailler en sécurité. Maintenant que nous sommes en position de le faire, on peut redémarrer », précise-t-il.
« Il n’est en aucun cas dans l’intérêt de Michelin d’avoir au travail, dans nos équipes, des personnes en situation d’anxiété ou d’angoisse. D’ailleurs, dans les pays comme la France, où le confinement est encore de mise, ceux qui, malgré toutes les précautions mises en place ne souhaitent pas travailler, n’y sont pas obligés », rassure le dirigeant.
M. Menegaux estime que la crise actuelle « nous apprend d’abord qu’une vie confinée, ce n’est pas une vie, et que – eh bien oui – la mobilité est vitale pour l’humanité et son développement. Et là, on est au cœur de ce que Michelin promeut depuis des années : la mobilité durable. L’absence de mobilité, c’est terrible pour un être humain. Et, en plus, c’est dangereux pour l’économie ».
Source : MONDE (4/4/20)Par Alexandra Frutos