Bridgestone, Michelin, Goodyear ou Pirelli annoncent tous des hausses de tarifs, ce qui constitue une vraie rupture après six années de baisse régulière. « Tous les manufacturiers ont amorcé un mouvement de remontée rapide de leur prix, et ce n’est pas fini », indique Michael Foundoukidis, analyste chez Natixis. Dernier en date, Bridgestone, qui a annoncé le 28 mars une augmentation des prix de ses pneumatiques vendus au Japon comprise entre 6 et 8 %. Cela faisait six années que l’industriel n’avait pas augmenté ses tarifs dans l’archipel. D’après Natixis, on dénombre pas moins d’une trentaine d’annonces de hausse de prix de grands manufacturiers depuis la fin de 2016. En février, Michelin avait déjà promis un relèvement de 8 % de ses tarifs en Europe, un mois après avoir fait de même en Amérique du Nord. Continental (de 7 à 8 %), Pirelli (9 %), Bridgestone, Goodyear (8 %) ont fait de même. Des annonces qui vont mécaniquement se faire sentir chez les ménages, qui doivent déjà payer entre 60 et 85 euros en moyenne pour des gommes de 16 à 17 pouces, et qui concrétisent une vraie rupture dans un secteur habitué depuis 2011 à des baisses de tarifs.
Cette remontée s’explique par la flambée des coûts de matières premières. En particulier, le caoutchouc naturel, qui a vu son cours presque doubler à la Bourse de Singapour (TSR20), du fait, notamment, d’importantes inondations en Thaïlande, qui ont entraîné l’arrêt des récoltes dans les plantations. Le prix du caoutchouc synthétique grimpe également, tiré par la remontée du butadiène – son composant principal – et du pétrole.
L’enjeu est majeur pour les manufacturiers. En février, Michelin avait chiffré à 900 millions d’euros l’impact négatif de cette hausse des coûts des matières premières sur l’ensemble de son exercice 2017. Sur toute l’année 2016, le caoutchouc – naturel et synthétique – représente 50 % des achats de matières premières du manufacturier français, soit 2,15 milliards d’euros en 2016. « Et encore, les grands manufacturiers sont proportionnellement moins impactés que leurs concurrents des pays émergents », souligne M. Foundoukidis. Ces derniers, aux produits moins technologiques, sont en effet plus dépendants du cours du caoutchouc et doivent donc procéder à des hausses de prix plus importantes.
Nankang Rubber, Federal Corp, Hwa Fong, etc. Autant de manufacturiers exotiques qui ont procédé à des hausses de 9 % à 12 % ces derniers mois. Voilà qui pourrait peut-être freiner leur offensive à l’international, où ils déversent depuis des années de gros volumes de pneumatiques à bas coût. (ECHOS 30/3/17)