Dans un email au conseil d’administration de la maison-mère du groupe Tata, Tata Sons, son ex-PDG Cyrus Mistry, prévient que des faiblesses pèsent sur le plus grand conglomérat indien, ses activités déficitaires lui faisant risquer une dépréciation de 18 milliards de dollars. Il accuse également le conseil d’administration, qui l’a évincé lundi à l’instigation du patriarche familial Ratan Tata, de l’avoir congédié de manière injustifiée.
Pour étayer ses avertissements sur l’état du groupe, M. Mistry cite notamment la branche sidérurgique du conglomérat, qui peine à se débarrasser de ses actifs déficitaires en Grande-Bretagne, ainsi que l’activité automobile du groupe, dont les ventes ont toujours été moroses. L’emblématique petite Nano « n’est pas près de générer des profits », prévient M. Mistry dans son email, et devrait être ainsi « abandonnée ».
Dans un communiqué au vitriol, Ratan Tata a qualifié le contenu de l’email de mélange de « revendications infondées et allégations malveillantes ».
Ce règlement de comptes en public est exceptionnel pour l’une des familles les plus célèbres d’Inde, dont l’éthique en affaires est souvent célébrée et où les différends se règlent généralement en privé.
Mécontent de la direction empruntée par Cyrus Mistry, qui poursuivait une stratégie de désinvestissement détricotant en partie son oeuvre, M. Tata a évincé lundi à la surprise générale le successeur qu’il avait lui-même adoubé. « La tentative de M. Mistry de salir l’image du Groupe au yeux de ses employés est impardonnable », a sèchement rétorqué Tata Sons, l’accusant d' »écarts répétés de la culture et de l’éthique du groupe » depuis son arrivée aux manettes en 2012.
Le chiffre d’affaires du groupe Tata a reculé de 4,6 % au cours de l’exercice fiscal 2015-2016, à 103 milliards de dollars. (AFP 27/10/16)