L’industrie automobile allemande pourrait perdre plus de 100 000 emplois à cause de la crise du coronavirus, selon une étude réalisée par l’expert du secteur Ferdinand Dudenhöffer. Ce dernier estime que la demande reculera de 15 % au moins cette année et que l’industrie mettra plus de dix ans à se remettre de cette catastrophe sanitaire.
Les surcapacités dans les usines allemandes vont représenter entre 1,3 et 1,7 million de véhicules et le chômage partiel ne sera que de courte durée, a indiqué M. Dudenhöffer. Aucune entreprise ne pouvant maintenir pendant des années des capacités de production inutilisées, ce sont « dans un scénario optimiste » 100 000 des 830 000 emplois actuels chez les constructeurs et les fournisseurs allemands qui sont menacés, écrit-t-il.
Alors que la production automobile en Allemagne a déjà baissé de 400 000 unités en 2019, à 4,7 millions d’unités, M. Dudenhöffer prédit qu’elle tombera dans une fourchette comprise entre 3,4 et 3,8 millions d’unités en 2020. Il prévoit que les ventes reculeront cette année de 15 % en Allemagne, de 20 % en Chine, de 25 % en France et aux Etats-Unis et de 30 % en Italie.
« La raison ne se trouve pas dans des problèmes d’approvisionnement, mais clairement dans le manque de demande », a souligné le chercheur, ajoutant que l’industrie automobile était confrontée à « un problème de demande sérieux et durable ». La croissance économique après la crise financière de 2009 laisse penser qu’il faudra au moins dix ans aux Etats-Unis pour revenir au niveau de 2019 et on ne peut pas non plus espérer un boom de croissance en Europe après la crise du coronavirus, a indiqué M. Dudenhöffer.
La fédération de l’industrie automobile allemande (VDA) s’inquiète également des menaces que la pandémie de coronavirus fait planer sur l’emploi. « Nous sommes inquiets pour les emplois et pour l’avenir », a déclaré la présidente de l’organisation, Hildegard Müller, lundi lors d’une émission sur la chaîne ARD.
Source : AUTOMOBILWOCHE (30/3/20)Par Frédérique Payneau