Carlos Ghosn, président de Nissan, a déclaré qu’il souhaitait que le gouvernement britannique s’engage sur des « compensations » à l’imposition d’éventuelles barrières douanières dans la foulée du Brexit, avant de prendre des décisions engageant l’avenir de l’usine de Sunderland.
« Si je dois décider d’un investissement dans les prochains mois, je ne peux pas attendre jusqu’à la fin du processus du Brexit. Il va falloir que je conclue un accord avec le gouvernement britannique », a ajouté M. Ghosn en marge du Mondial de l’Automobile de Paris. Cet accord garantirait que « si des barrières douanières sont établies sur les voitures, il y aura une forme de compensation pour les constructeurs automobiles qui exportent vers l’Europe continentale », a expliqué M. Ghosn.
L’usine de Sunderland, près de Newcastle dans le nord de l’Angleterre, est la plus grosse installation industrielle de Nissan en Europe, avec une capacité d’un demi-million de voitures par an. Quelque 6 700 personnes y sont employées, et 80 % de la production est exportée. Nissan y produit ses 4×4 urbains Juke et Qasqhai, ainsi que la berline électrique Leaf. Or, ces deux modèles sont en milieu ou fin de vie, et vont devoir être remplacés, avec des investissements industriels à la clé, dans un moyen terme qui ne s’accommode pas de l’incertitude entourant les conditions actuelles du Brexit.
Evoquant « la période d’attente de clarification du Brexit », le patron de Nissan pour l’Europe, Paul Willcox, a estimé que « si le bouton de la sortie de l’Union est actionné dans le courant de l’année prochaine, s’il y a deux ans de négociations, il y aura évidemment des décisions que nous devrons prendre sur l’investissement dans ces deux ans et demi ». « Nous ne sommes pas en train de poser des conditions », a assuré M. Willcox. « En fin de compte, il s’agit de savoir ce qui est le plus viable pour nous d’un point de vue commercial ».
De son côté, M. Ghosn a ajouté que « si ce principe d’une compensation est accepté, nous pourrons aller de l’avant, parce que cela neutralisera certaines de nos inquiétudes ». Il a affirmé qu’aucune négociation formelle n’avait eu lieu. « Nous n’avons rien demandé pour l’instant, mais nous sommes en contact puisque le gouvernement britannique se prépare aux négociations du Brexit, s’adresse à tous les investisseurs au Royaume-Uni pour leur demander quels sont leurs préoccupations », a expliqué M. Ghosn. « Nous aimerions rester. Nous avons une bonne usine. Mais nous ne pouvons pas rester si les conditions ne le justifient pas », a-t-il prévenu.
Honda a quant a lui souhaité qu’une « décision rapide » soit prise sur le Brexit. « L’incertitude n’est jamais bonne pour les affaires », a déclaré Jean-Marc Streng, patron de Honda pour l’Europe. Tout en disant respecter la décision du peuple britannique, il a affirmé que la préférence de son entreprise allait au « libre-échange ».
Le Royaume-Uni a produit 1,59 million de voitures l’an dernier, dont près de 80 % ont été exportées, en majorité vers l’Europe. Le secteur représente plus de 800 000 emplois et fait figure d’exception dans un pays par ailleurs largement désindustrialisé. (AFP 29/9/16)