
Dans une tribune publiée par Le Monde, le syndicaliste Stéphane Destugues et l’économiste Alain Grandjean appellent à ne pas laisser à « un petit cercle de décideurs » le soin de décider la transition de toute une industrie vers la mobilité électrique, d’autant plus que, d’après l’Observatoire de la métallurgie, 100 000 emplois pourraient disparaître dans les quinze ans à venir.
« La première urgence est de ne plus considérer l’emploi comme une variable d’ajustement de stratégies de court terme. Les salariés doivent pouvoir anticiper et négocier les choix opérés et bénéficier d’un accompagnement dans leur parcours de vie. Dialogue et accompagnement sont de la responsabilité du gouvernement et des constructeurs dans les dix ans à venir », estiment MM. Destugues et Grandjean.
« La seconde urgence est de faire émerger une filière batterie intégrée, depuis sa conception jusqu’à son recyclage, en passant par le reconditionnement et le rétrofit des véhicules [la conversion des véhicules thermiques en véhicules électriques]. Si le coût du travail est aujourd’hui un argument pour délocaliser, ce ne sera plus le cas d’ici à quelques années. La compétitivité reposera de plus en plus sur les coûts d’approvisionnement en matières premières et en énergie, ainsi que sur la capacité à réduire les externalités environnementales », poursuivent-t-il.
« La transition du secteur automobile est trop importante, pour l’industrie française et les territoires, pour qu’on ne la confie qu’à un petit cercle de décideurs. C’est pourquoi nous demandons l’organisation, en urgence, d’Etats généraux de l’automobile. Nous devons coconstruire ensemble une feuille de route pour une transition juste et durable de la filière. Ensemble, nous pouvons saisir l’occasion de la transition vers la sobriété pour déjouer, enfin, le scénario de la désindustrialisation », concluent-t-il.