
Les succursales de distribution sont des spécificités européennes dont la pertinence et la pérennité sont remises en cause de manière récurrente. Au-delà des débats traditionnels, l’idée que la distribution dans ses formes traditionnelles aurait vécu et justifierait le désengagement des constructeurs est évoquée. L’examen du dossier permet de rejeter cet argument et de considérer que le seul vrai motif de la dé-succursalisation observable aujourd’hui est financier. La facilité que le vendeur a à trouver des investisseurs le prouve.
En France, lorsque l’on considère le classement des groupes de distribution tel qu’il est proposé, sur la base des données 2019, dans l’Annuaire des Groupes Autoactu 2021, en termes de chiffre d’affaires France RRG Group est n°1 avec 6,1 milliards d’euros, Emil Frey France n°2 avec 5,1 milliards et PSA Retail n°3 avec 4,2 milliards. En volumes, RRG est n°1 avec 189 911 VN vendus, PSA Retail n°2 avec 151 531 unités et Emil Frey n°3 avec 142 200 unités.
Sachant que, en 2019, PSA a vendu en France 674 000 véhicules et Renault 699 000, ceci signifie que la part des immatriculations assurée par les réseaux propres est de respectivement 22 % et 27 %. Dès lors qu’une part des immatriculations relève des ventes directes (ventes à loueurs de courte durée par exemple), on se situe plutôt autour du tiers des immatriculations « réseau » ainsi assurée.
Dans une situation où les schémas de distribution sont censés évoluer en raison de la digitalisation des parcours clients, d’une part, et de la montée en puissance des formules de type LOA ou LLD, d’autre part, et où certains constructeurs – comme Renault – ont besoin de rétablir leur profitabilité et d’autres de la renforcer encore, la récurrente question de la pertinence des « dé-succursalisations » se voit posée à nouveau.
Chez PSA, ce mouvement avait été manifeste lors des années difficiles (autour de 2014) et le périmètre est plutôt stabilisé, mais l’on cherche à tirer les conséquences de la digitalisation en réduisant singulièrement, à Paris au moins, les surfaces de vente, et donc le coût du foncier.
Chez Renault, c’est un large mouvement de cession qui a été entamé en 2020 et qui se poursuit en 2021, dans un contexte où nos deux constructeurs ne jurent plus que par les ventes profitables et le pricing power, et semblent prêts dans ce contexte à renoncer à quelques ventes.